Un nouveau virus de l’abeille : le Solinvivirus AmSV1

Que sait-on du virus Apis mellifera Solinvivirus-1 découvert récemment aux États-Unis ?

Des scientifiques cherchant à expliquer des pertes de colonies importantes chez un apiculteur aux États-Unis, ont découvert un nouveau virus de l’abeille. Ce virus à ARN appartient à la famille des Solinviviridae. Ils l’ont nommé Apis mellifera Solinvivirus-1, ou en plus court AmSV1 [1].

Que sait-on du Apis mellifera Solinvivirus-1, AmSV1 ?

Ce virus de l’abeille était inconnu jusqu’en 2023. Des chercheurs prêtant main forte à un apiculteur ayant de fortes pertes de colonies jusque là inexpliquées ont utilisé des technologies de séquençage génétique haut-débit pour identifier tous les virus présents dans les ruches de cet apiculteur.

On ne sait pas encore précisément quels effets ce virus a sur les abeilles, mais il est peu probable que ce virus leur fasse du bien. Deux virus proches, un chez les fourmis de feu [2] et l’autre chez les crevettes [3], sont connus pour leurs effets néfastes sur ces invertébrés.

Les chercheurs ont séquencés différentes parties du corps des abeilles mortes pour déterminer où le virus se trouve dans les abeilles et peut-être comprendre un peu mieux comment il fonctionne. Mais malheureusement, le virus est présent dans la tête, le thorax et l’abdomen, ce qui indique probablement une infection systémique, c’est à dire de tout le corps.

Les chercheurs ont ensuite analysés d’anciens échantillons d’abeilles provenant de près de 800 ruchers aux États-Unis en 2021 et quelques autres échantillons disponibles collectés autour de 2010. Le virus était déjà présent aux États-Unis en 2010, et les chercheurs ont aussi trouvé que le nouveau virus AmSV1 était déjà présent dans environs 10.5% des échantillons en 2021 à travers les États-Unis. Ce virus a en plus une grande diversité génétique (il existe de nombreuses "souches" différentes) et les chercheurs pensent donc qu’il était déjà présent même avant 2010.

Dans leurs échantillons, il semble aussi que le virus soit plus fréquent en été, aux mois de Juin et Juillet. Il est possible que ce virus rentre en compétition avec le virus des ailes déformées, qui lui est plus commun en Septembre et en Octobre. Le virus ne semble pas pour le moment être associé à l’acarien Varroa destructor, qui transmet certains virus, comme celui des ailes déformées.

Les chercheurs pensent que ce virus affecte en particulier les reines, entraînant une mortalité forte des reines ou une réduction de nombre d’oeufs pondus. Ils ont trouvé que les colonies infectées perdaient plus souvent leurs reines et une étude chez les fourmis de feu a mis en évidence une réduction de la ponte qui semble causée par un virus proche [4].

Ce virus s’ajoute donc à la longue liste des virus comme celui du couvain sacciforme et celui des ailes déformées et de bien d’autres pathogènes qui affectent la santé des colonies d’abeilles dans nos ruches. On ne sait pas encore grand chose du AmSV1, ni s’il est déjà présent en France, et de futures recherches scientifiques seront donc nécessaires pour mieux comprendre comment il affecte les abeilles.


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Notes et références

[1Ryabov, E. V., Nearman, A. J., Nessa, A., Grubbs, K., Sallmann, B., Fahey, R., ... & vanEngelsdorp, D. (2023). Apis mellifera Solinvivirus-1, a Novel Honey Bee Virus That Remained Undetected for over a Decade, Is Widespread in the USA. Viruses, 15(7), 1597.

[2Valles, S. M., Strong, C. A., Dang, P. M., Hunter, W. B., Pereira, R. M., Oi, D. H., ... & Williams, D. F. (2004). A picorna-like virus from the red imported fire ant, Solenopsis invicta : initial discovery, genome sequence, and characterization. Virology, 328(1), 151-157.

[3Cruz-Flores, R., Andrade, T. P., Mai, H. N., Alenton, R. R. R., & Dhar, A. K. (2022). Identification of a novel solinvivirus with nuclear localization associated with mass mortalities in cultured whiteleg shrimp (Penaeus vannamei). Viruses, 14(10), 2220.

[4Valles, S. M., Porter, S. D., Choi, M. Y., & Oi, D. H. (2013). Successful transmission of Solenopsis invicta virus 3 to Solenopsis invicta fire ant colonies in oil, sugar, and cricket bait formulations. Journal of Invertebrate Pathology, 113(3), 198-204.



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