Inspecter ses ruches fréquemment, même en hiver, améliore la survie des abeilles

Une analyse approfondie des colonies d’abeilles mellifères à travers diverses régions climatiques aux États-Unis révèle une constatation inattendue : la localisation géographique des ruches a un impact minime sur leur survie. En revanche, la fréquence et le timing des inspections apparaissent comme des facteurs cruciaux pour leur viabilité [1]. Ces nouvelles connaissances, comme celles sur la navigation des abeilles, pourront aider les apiculteurs à améliorer la survie de leurs abeilles.

Augmenter de la survie des abeilles grâce aux inspections estivales fréquentes

L’étude met en lumière des variations significatives des taux de survie en fonction de la fréquence des inspections estivales. Celles-ci permettent probablement de détecter plus rapidement les problèmes comme une population trop faible, une reine ne pondant plus, ou une infestation de petits coléoptères des ruches. Des inspections plus fréquentes en été semblent entrainer une augmentation de la survie des ruches.

Toutefois, cette relation semble moins évidente pour les inspections d’automne : dans le Sud des États-Unis, les ruches inspectées plus souvent à l’automne connaissent une moindre survie hivernale, tandis que celles du Nord affichent une meilleure résilience.

Impacts des Inspections Hivernales

Malgré les conseils conventionnels contre les inspections hivernales, l’étude révèle leur impact significatif sur la survie pendant cette période critique. En moyenne, les ruches ayant fait l’objet d’inspections plus fréquentes en hiver affichent près du double des taux de survie. Bien que les inspections hivernales soient généralement moins courantes, leur association avec une survie accrue soulève la nécessité de reconsidérer les pratiques établies.

Pendant l’hiver, les inspections de la ruche sont moins fréquentes pour deux raisons principales. Tout d’abord, les inspections exposent les abeilles au froid extérieur, les mettant potentiellement en danger. Deuxièmement, la colonie subit moins de changements significatifs par rapport aux autres saisons et nécessitent moins de gestion. Les abeilles, étant à sang froid, doivent maintenir une température chaude pour assurer la survie de la colonie, ce qui est réalisé par la formation d’une grappe. En dessous de 10 °C, les abeilles forment une grappe en entourant étroitement la reine et en vibrant leurs muscles pour générer de la chaleur au centre de la grappe.

Les inspections d’hiver doivent pour ces raisons rester moins fréquentes. On peut inspecter ses ruches de 1 à 3 fois en hiver par rapport à 3 à 7 fois au cours des autres saisons. Les résultats indiquent que les ruches inspectées relativement plus souvent en hiver (1-3 fois) ont une meilleure survie hivernale que celles qui n’étaient pas inspectées ou inspectées une seule fois (0-1 fois). Bien qu’il y ait des raisons valables d’éviter les inspections en hiver, surtout par temps froid, il est crucial de ne pas déranger les abeilles trop souvent. Trouver le bon équilibre et ne visiter que pendant les journées les moins froides est essentiel pour maximiser la survie hivernale.

La raison pour laquelle les inspections durant l’hiver peuvent être bénéfique aux abeilles est probablement qu’elles permettent aux apiculteurs d’aider les abeilles avant le printemps. Souvent, les colonies meurent de froid en hiver car elles n’ont plus assez de nourriture à manger pour bouger leurs muscles et produire de la chaleur. Où des parasites et prédateurs peuvent s’installer sur les côtés de la ruche, comme des rongeurs, la fausse-teigne etc... Ouvrir les ruches à la fin de l’hiver permet donc de détecter ces problèmes et de les résoudre, en nourrissant ses abeilles avec du candy par exemple. Pour éviter de refroidir les abeilles, les cadres peuvent être inspectés sans être retirés de la ruche et un tissu épais peut être utilisé pour couvrir les cadres autant que possible pendant l’inspection.

Cette recherche remet en question l’idée préconçue selon laquelle ouvrir ses ruches et les inspecter en hiver sont à déconseiller. Elle met plutôt en avant le rôle central des inspections de ruches, en particulier pendant la saison hivernale, dans l’amélioration des taux de survie. Ces conclusions soulignent l’importance pour les apiculteurs de donner la priorité à des inspections régulières et bien chronométrées tout au long de l’année, afin de soutenir leurs colonies dès les premiers signes de difficulté.

Bien entendu, bien que cette étude ait été menée aux États-Unis, il est essentiel de ne pas transposer directement ses résultats à l’Europe. Cependant, cela incite à envisager des ajustements dans les pratiques apicoles européennes, dans l’espoir d’améliorer les conditions de survie des colonies.


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Notes et références

[1Scott, A., Hassler, E., Formato, G., Rünzel, M. A., Wilkes, J., Hassan, A., & Cazier, J. (2023). Data mining hive inspections : more frequently inspected honey bee colonies have higher over-winter survival rates. Journal of Apicultural Research, 62(5), 983-991.



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