Comment prendre des photos macros sur fond blanc

Tutoriel, techniques et astuces pour apprendre comment réaliser des photos d’insectes sur fond blanc

Les photographies macro d’insectes ou d’autres arthropodes sur fond blanc fleurissent un peu partout sur le web depuis quelques années. Chaque photographe possède ses propres astuces pour réaliser les photos d’insectes sur fond blanc les plus esthétiques, mais rares sont ceux qui les partagent... Cet article vise à donner quelques exemples d’installations faciles à réaliser ainsi que quelques conseils techniques utiles pour réaliser des photos sur fond blanc.

Je vous conseille auparavant de consulter l’article sur la photographie macro pour tous les budgets.

Mante aptère du sud de la France, Geomantis larvoides. Macrophotographie sur fond blanc.
Geomantis larvoides

Penser à l’éclairage pour le photographe (budget : 5 à 10 euros)

La photographie macro sur fond blanc permet de réaliser facilement des portraits d’insectes à forts grossissements, et ainsi de mettre en avant des détails morphologiques. Mais en macro, la profondeur de champs est très limitée.
Eclairer le sujet permet alors de se mettre dans les meilleures conditions pour réaliser la mise au point. Choisissez pour cela une lampe de bureau à LED : elles présentent l’avantage de dégager très peu de chaleur ce qui est important, puisque un apport de chaleur pourrait rendre la bestiole photographié beaucoup plus activef (et on la préfère évidemment immobile pour avoir le temps de le prendre en photo). Il faut que la lumière soit la plus blanche possible, évitez les éclairages jaunâtres ou bleutés. Ces lampes coûtent souvent moins d’une vingtaine d’euros, et peuvent être pourvues d’une pince de fixation très pratique.

Penser à l’éclairage pour le fond (budget : 5 à 10 euros)

Lorsque vous prendrez l’insecte en photo de face ou de profil, vous essayerez probablement de vous placer à son niveau. Pour que l’ensemble de la photo soit sur fond blanc, il suffira de placer une simple feuille de papier blanc à l’arrière du dispositif. Mais vous verrez vite que le fond apparaîtra plus gris que le support sur lequel se trouve l’insecte : il faut donc également lui consacrer un éclairage LED.

Trophallaxie entre fourmis invasoves Tapinoma nigerrimum. Deux ouvrières noires vues de profil sur fond blanc sont face a face et échangent de la nourriture.
Tapinoma nigerrium, fourmi invasive
Les Tapinoma magnum, anciennement appelée Tapinoma nigerrimum, sont des fourmis considérées comme invasives dans certains départements.

Eclairer le sujet avec des flashs (budget : rien si vous optez pour un réflecteur pour votre flash interne, sinon prévoir au minimum 80 euros)

Dans l’optique de réduire le budget nécessaire pour réaliser des photos sur fond blanc au minimum, vous pouvez choisir de n’utiliser que le flash interne de votre appareil photo pour éclairer l’insecte. Vous pouvez alors fabriquer des réflecteurs [1] qui amèneront la lumière jusqu’au sujet pour éviter les pertes de le lumière. C’est à vous de bricoler la bonne solution, il faut souvent faire plusieurs essais. On peut obtenir de bons résultats avec certains appareils photo.

Un flash cobra avec son pied. Ce flash est utile puisque le déclenchement peut se faire en réponse à un autre flash (le détecteur est la partie rouge à l'avant), le réflecteur intégré est déplié et on note des bandes de velcro collées sur les côtés pour fixer un diffuseur à lumière.
Flash cobra sans diffuseur et pied de flash

Si votre budget vous le permet, vous pourrez acheter un matériel plus adapté : bien que certains préfèrent des éclairages constants (des néons ou des lampes LED en séries utilisés en "lightbox"), je préfère travailler avec deux flashs. On peut se procurer des flashs d’occasion pour quelques euros dans les brocantes ou sur internet, ou de petits flashs "cobras" neufs pour une quarantaine d’euros pièce. On trouve facilement dans le commerce des réflecteurs/diffuseurs qui se fixent sur les flashs "cobras" et permettent d’obtenir une lumière plus douce (pour faire des économies, il est possible de réaliser sois-même le diffuseur). Certains appareils peuvent contrôler à distance certains flashs, mais la plupart du temps, il faudra vous équiper de cables permettant de déclencher les flashs depuis l’appareil photo, ou pour plus de liberté, de choisir des flashs équipés d’une cellule photosensible. Si vous optez pour les flashs à cellules photosensibles, il faudra forcer le flash de votre appareil photo à se déclencher à chaque prise de vue : le flash de l’appareil sera capté par les cellules photosensibles des flashs cobras, qui se déclencheront presque instantanément.

J’ai l’habitude de disposer les flashs de chaque côté du dispositif, et légèrement orientés vers le fond. Mais tout est possible : il faut faire des essais avec un objet immobile noir et lisse (pour obtenir les mêmes reflets qu’ont la plupart des insectes et araignées). Vous pouvez également surélever un peu les flashs, varier les réglages pour que l’un soit plus puissant que l’autre... il est difficile de trouver une règle valable pour tous les sujets que vous allez photographier.

Le mini studio à macrophotographies sur fond blanc vu de dessus.
Dispositif utilisé pour prendre les photos sur fond blanc de cet article

Trouver un fond lisse et... vraiment blanc ! (budget : récup’ ou prix d’un flash)

Pas facile de choisir un fond pour vos photos : en macro, on voit les mailles des tissus, et même les aspérités des feuilles de papier. Il faut donc opter pour un support en plastique, en résine, en verre, ou en n’importe quel autre matériau parfaitement lisse et se rayant peu (faites des essais !). Ce support devra être blanc : contrairement à ce que vous pensez peut-être en ce moment, ce n’est pas si simple... la plupart des plastiques sont légèrement jaunes ou légèrement bleus.

Une autre solution souvent envisagée est d’utiliser un flash comme support. Réglé à très faible puissance, il éclairera un diffuseur en plastique lisse et blanc sur lequel vous aurez déposé l’insecte. Il vous faudra alors trouver un subterfuge pour que celui-ci accepte de rester sur le diffuseur le temps que vous le preniez en photo (éventuellement une boite recouverte de feuilles blanches, ne laissant qu’une possibilité de sortie à l’animal photographié).

Empêcher les araignées de se sauver dans votre appartement (inestimable)

Aucune des bestioles rampantes que photographierez sur le fond blanc ne sera aussi esthétique qu’une de ces grosses araignées poilues que vous trouverez dans votre cave. Oui, mais vous ne voulez probablement pas que ces araignées se retrouvent dans votre lit, ou pire, que vous les perdiez de vue et qu’elles se cachent tapies dans l’ombre de vos meubles, observant vos moindres faits et gestes.
Il faut alors trouver une solution efficace pour vous assurer que la bestiole ne se sauve pas, tout en évitant de la salir, de la couvrir de poussières ou de la blesser.
Pour cela, je place mon fond blanc dans un bac de très petite hauteur rempli d’eau (un tupperware plat, voir photo). Assurez-vous de fixer correctement le fond blanc pour qu’il ne flotte pas (mais pouvoir le tourner peut être utile).

Mon petit studio pour réaliser les macrophotographies sur fond blanc. On distingue le tupperware servant de "douves" anti-évasion, le support rond où se déplacent les insectes, le fond blanc vertical fait de feuilles de papiers, deux flashs cobras avec leur support et des réfleteurs/diffuseurs, ainsi que deux lampes LED qui servent au photographe à faire la mise au point.
Mini studio photo pour macrophotographies sur fond blanc

Faire la balance des blancs

Tous les appareils photos ne le permettent pas, mais si vous possédez un hybride, un bridge ou un réflex vous pourrez peut-être réaliser une mesure de la balance des blancs. Cela permet (pour simplifier) d’indiquer à l’appareil que les nuances jaunes ou bleues produites par l’éclairage de votre installation doivent être corrigées et considérées comme du blanc pur. Pour faire la balance des blancs, installez l’ensemble de votre dispositif, placez sur votre fond blanc un objet lisse et noir. Réglez la puissance de l’éclairage ou les réglages de votre appareil photo manuellement pour que le fond soit très légèrement surexposé (mais pas trop, sinon vous risquez de ne plus voir d’éventuels poils blancs ou zones blanches du sujet). Cherchez dans le manuel de votre appareil photo comment réaliser la balance des blancs, et réalisez la mesure en prenant en photo l’objet noir sur votre fond blanc.

Vous êtes prêts à faire des photos macro sur fond blanc !

Le post-traitement

Si votre fond blanc n’est pas blanc, pensez à l’éclaircir avec un logiciel de retouche photo. Vous pouvez également facilement retirer les petites poussières qui se déposent sur votre dispositif avec des outils permettant d’éclaircir ou de dupliquer de petites zones.
Certains logiciels permettent d’améliorer la netteté ou la clarté de vos photos : attention à l’utilisation de ces options qui augmentent le bruit des photos !

Le post-traitement doit se faire avec parcimonie : une fois la photo retouchée, comparez-là avec la photo d’origine. Si quelque chose ne parait pas naturel, il vaut souvent mieux recommencer.

Coléoptère brillant bleu métallisé, il s'agit d'une hoplie, un scarabée des prairies de bord de cours d'eau. Ici, ce coléoptère bleu métallique est pris en photo de dessus sur fond blanc, avec un objectif photo macro.
Hoplia coerulea

Prenez la bestiole sous tous les angles...

Une photographie sur fond blanc permet souvent de mettre en avant une espèce particulière : pensez à la prendre en photo sous tous les angles (de profil, de dessus, de face) afin de faciliter son identification. Notez également sa taille, la date et le lieu où vous l’avez trouvée. Il existe des forums en ligne sur lesquels vous trouverez des spécialistes qui vous aideront à identifier les animaux photographiés [2].

Une mante similaire à une mante religieuse de couleur beige prise en macrophotographie sur fond blanc.
Photo macro d’une mante sur fond blanc

Et l’éthique ?

Malheureusement, la plupart des personnes portent encore peu d’attention à l’éthique lorsque cela concerne les arthropodes, en particulier pour les insectes et les araignées... Il est cependant important de garder à l’esprit l’éthique lorsque l’on réalise des photographies d’êtres vivants. Tout d’abord, limitez les prélèvements et le dérangement de l’habitat des animaux que vous souhaitez photographier. Fournissez-leur de l’eau afin d’éviter qu’ils ne meurent de dessication, et gardez-les le moins longtemps possible. Pour diminuer leur stress, vous pouvez les placer dans votre frigo (s’il n’est pas trop froid) en attendant de les photographier. Le mieux reste de les photographier immédiatement puis de les relâcher à l’endroit où vous les avez récoltés.
Attention également à ne pas prélever d’espèces protégées [3].

Bonne séance photo !


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